La pratique de la contemplation des fleurs des arbres remonte à la période de Nara (710-784), il y a plus de douze siècles. A cette époque, les pruniers, qui fleurissent un mois avant le cerisier, étaient au centre des célébrations. Hanami n’est devenu synonyme de cerisier qu’au cours de la période de Heian (794-1185). Les fêtes de hanami étaient alors réservées à l’aristocratie et à la noblesse de cour, qui aimaient contempler les fleurs et composer des poèmes à leur sujet. Mais à mesure que les techniques horticoles se sont développées, des cerisiers ont été plantés dans les parcs publics, les jardins des temples et le long des berges des rivières, de sorte que la population dans son ensemble a également pu profiter de ce moment particulier.
Avec autant de fleurs à voir en si peu de temps, il est indispensable de bien s’organiser. Plutôt que de vous entraîner dans les parcs des grandes villes du pays où il y a foule, nous vous proposons une alternative plus calme dans le Chûgoku, la région la plus à l’ouest de Honshû, la plus grande île de l’archipel. Ne vous attendez cependant pas à y trouver la solitude non plus. Il y aura du monde partout où vous irez dans la mesure où l’élément collectif est constitutif du hanami. Mais au moins ici, la plupart des gens seront de la région. L’atmosphère y sera encore plus chaleureuse et accueillante.
Le pic de floraison dans cette partie du Japon se situe de la fin de mars au début du mois suivant. Les dates exactes varient d’une année à l’autre en fonction de la météo, c’est pourquoi on regarde avec attention les programmes d’information nationaux et régionaux qui les précisent. Dans les gares, on trouve également des cartes qui signalent les meilleurs endroits pour profiter de ces instants de beauté éphémère.
Encore préservée des hordes de touristes, la mer Intérieure et son labyrinthe d’îles brumeuses constituent un des meilleurs endroits pour admirer les cerisiers en fleurs. Avec leur climat doux, leurs paysages spectaculaires et leur mode de vie décontracté, ces îles enchantées peuvent être visitées à n’importe quel moment de l’année, mais lors de la floraison des cerisiers, tout y devient sublime.
Démarrez par Onomichi, à 90 km à l’est d’Hiroshima. 10 000 cerisiers éclairent le flanc de la montagne qui la domine, ce qui en fait l’un des 100 plus beaux sites du Japon pour observer les fleurs de cerisiers. Depuis cette belle cité portuaire, vous pouvez marcher, faire du vélo ou parcourir les 60 kilomètres de routes et de ponts du Shimanami Kaidô (voir Zoom Japon n°41, juin 2014) qui vous entraîne jusqu’au cœur des îles. Le temple Kôsan-ji situé sur l’île d’Ikuchijima à 18 km d’Onomichi, est particulièrement spectaculaire (voir Zoom Japon n°68, mars 2017). Ce grand complexe de temples abrite des reconstitutions grandeur nature de certains des bâtiments religieux les plus importants du pays. En avril, l’ensemble semble flotter sur un nuage rose de fleurs de cerisiers.
Si vous préférez la montagne, dirigez-vous vers le barrage de Haji, du côté d’Akitakata dans la préfecture de Hiroshima. C’est là que se trouve le lac Yachiyo, un vaste réservoir entouré de 6 000 cerisiers. La vue est particulièrement magique à la tombée de la nuit, avec les lanternes qui brillent et les odeurs des aliments qui proviennent des étals de yakisoba (nouilles sautées) et de poulet frit. Ce grand lac confère à l’ensemble une impression d’espace, de sorte que même lorsqu’il y a foule, on ne se sent pas étouffé. Avec un peu de chance, vous pouvez même apercevoir un cerf ou un sanglier descendre des forêts environnantes.